«Qu’elle était blanche ma vallée», l’air du temps de Claire-Lise Droz

Comme d’habitude, j’étais montée dans le train La Chaux-de-Fonds-Le Locle et, comme d’habitude, à peine assise, je m’étais plongée dans un bouquin. Et puis, l’entrée de ce train dans un tunnel m’a sortie de ma petite bulle. Là, il y avait un truc qui coinçait.

Effectivement, je m’étais trompée de ligne, ou plutôt, la ligne avait déménagé sans m’avertir; et j’étais bonne pour aller jusqu’à Neuch. Ce n’était pas la cata, mais j’étais fâchée quand même, vu que ce n’était pas la première fois que ça m’arrivait. Non de me tromper de ligne, mais de rater une gare. Pas moyen de lire correctement dans ces transports publics.

Tout ça pour dire que j’aurais mauvaise grâce à râler contre ces gens qui pianotent sur leur portable, perdus eux aussi dans leur bulle. Il y a là-dessous un phénomène de l’ordre de la fascination, voire de l’hypnotisme.

J’y pensais encore l’autre jour dans un autre train, le petit train rouge parcourant la vallée de La Sagne et des Ponts. C’était encore en novembre, juste après une solide chute de neige. Cette vallée scintillante dans la lumière argentée, c’était… c’était juste beau! Là, je ne lisais pas, je regardais.

Parmi les autres passagers, un jeune homme avait lui aussi le nez à la fenêtre. Les autres pianotaient, tap-tap-tap, sans lever les yeux. Sur quels sites, aucune idée.

Mais ça m’aurait amusée qu’ils tombent sur une photo de cette vallée, en temps réel. Après tout, rien d’impossible à cela.

Un passant quelconque aurait très bien pu imaginer faire un clic-clac et injecter la vue direct sur Facebook. Quand on aperçoit une telle beauté, on a envie de partager…