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«Porte de cellier», l’air du temps d’Anouchka Wittwer

Découvrez la chronique d’Anouchka Wittwer

10 avr. 2019, 05:30
AirDutemps-AnouchkaWittwer

J. R. R. Tolkien nous a ouvert les portes du Mordor, de la Comté, du Gondor, terres foulées par ses orques, ses hobbits, ses nains et ses elfes. Et comme tout ce beau monde tentait tout de même de communiquer avant de s’envoyer des tatouilles, il fallait bien les gratifier de leurs propres dialectes.

Quenya, sindarin, khuzdul, noir parler, l’écrivain a doté ses créatures de langages tout droit sortis de son imaginaire et de son savoir d’expert en langues germaniques. Rien que ça. Philologue passionné, l’Anglais a passé la majeure partie de sa vie à sonder les idiomes, à étudier leur épanouissement au sein des communautés et des cultures qu’elles servaient, à les étreindre, à les savourer.

Oui, car les vocables ne font pas que (per)siffler à nos oreilles, ils se goûtent avec les papilles et s’enlacent avec la langue, dans une sorte de danse lascive. Pour cet amoureux du beau verbe qu’était Tolkien, il existait un mot composé anglais dont la perfection phonétique, lorsqu’il est prononcé, invite au bonheur euphonique: «Cellar door», à lire «Selador» pour les non-anglophones. Un mot composé fait de lettres qui caressent le palais et disparaissent dans un murmure, aussi beau à entendre qu’à exprimer. Et tant pis si cela veut dire «porte de cellier», là n’est pas la question.

En français, après quelques recherches, il semble qu’aucun mot n’ait encore reçu l’honneur d’être élu le plus agréable à ouïr. Mais on ne peut s’empêcher de se demander: «Brexit», à l’oreille de Tolkien, ça aurait sonné dur ou mou?

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