Si vous êtes restés des heures au chevet d’une personne mourante, probablement l’avez-vous entendue appeler son père, sa mère, sa sœur, son frère ou son enfant décédé des années avant. Sans doute l’avez-vous vue regarder au loin, thorax et bras presque tendus en avant, comme si ces êtres étaient en train de s’approcher, de venir la chercher, afin de ne pas la laisser seule durant le passage de vie à trépas, dans le but de la rassurer.
Pour votre proche en pleine agonie, apparemment, il se passe alors vraiment quelque chose, une rencontre entre ici et un mystérieux ailleurs invisible. Le moment est saisissant. Pendant dix ans, le docteur américain Christopher Kerr et son équipe – spécialisés en soins palliatifs – ont enregistré ce genre d’expériences de fin de vie, auprès de 1400 patients. Certains mourants ont dit avoir aperçu près d’eux leur animal domestique adoré disparu depuis longtemps. Ils l’ont raconté souriants, apaisés par cette compagnie.
Délire? Hallucination causée par les médicaments? Rêve? Phénomène mettant en jeu deux dimensions, la nôtre et une autre? Quelle que soit leur origine, ces états modifiés de conscience ont apporté la paix et rendu la sérénité à bien des malades sur le point de s’éteindre et effrayés à l’idée de mourir. Ce phénomène consolera peut-être celles et ceux qui ne se font pas à l’idée qu’un des leurs soit mort esseulé dans un hôpital, des suites du Covid.