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«Personne n’est Olaf», l’air du temps de Patrick Turuvani

Découvrez la chronique «Air du temps» de Patrick Turuvani.

01 nov. 2019, 05:30
AirDutemps-PatrickTuruvani

«Je suis Olaf», a-t-on pu lire sur les réseaux sociaux après l’euthanasie de ce patou des Pyrénées ordonnée par le vétérinaire cantonal neuchâtelois. Comme on avait pu lire «Je suis Charlie» après l’attaque terroriste qui a coûté la vie à douze personnes en 2015 dans les locaux de «Charlie Hebdo».

Ça ne vous choque pas, vous, la récupération de ce slogan universellement partagé à l’époque en mémoire des victimes de l’attentat parisien? Moi, si. Comme cela me choque d’entendre le mot «assassinat» pour décrire l’euthanasie d’un chien.

Chacun est libre de considérer l’animal comme l’égal de l’homme, et chacun a le droit de défendre ses convictions haut et fort. Mais il me semble qu’il y a des mots pour le dire, et une manière de le faire.

Cet emprunt hasardeux reflète en creux l’un des maux de ce siècle de la surcommunication: cette tendance des réseaux sociaux à faire passer la colère de quelques-uns pour celle du plus grand nombre, à donner au moindre frémissement l’illusion de l’ébullition.

C’est l’effet «buzz», parfaitement maîtrisé par les extrémistes de tous bords. L’important n’est plus tant ce que l’on dit, mais le bruit que l’on fait. L’histoire d’Olaf, comme beaucoup d’autres, symbolise cette victoire du remue-ménage sur le remue-méninges. Et ça fait peur. Car une ineptie massivement partagée reste une ineptie, peu importe son audience.

Prenez cette image toute simple: qu’il y ait 50 fans ou 75’000 spectateurs dans un stade, un mauvais match de foot reste un mauvais match de foot.

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