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«Passer avant un autre», l’air du temps de Thierry Brandt

Dans les archives de l’Institut national de l’audiovisuel français, Thierry Brandt a retrouvé un entretien du généticien Albert Jacquard qui donne à réfléchir. Découvrez son «Air du temps».

01 sept. 2020, 05:30
AirDutemps-ThierryBrandt

Les réseaux sociaux ont ceci d’empoisonnant qu’ils servent de caisse de résonance à des «légions d’imbéciles», pour reprendre les termes d’Umberto Eco. Ils permettent aussi de tomber sur des pépites, pour peu que l’on cherche un peu.

Dans les archives de l’INA (Institut national de l’audiovisuel, en France), je suis tombé sur un entretien donné en 1994 par le généticien Albert Jacquard dans le cadre de l’émission «Et si c’était demain». Un modèle d’intelligence. Et surtout, une forme d’intelligence qui oblige à penser différemment. En l’occurrence, Albert Jacquard s’interroge sur ce qu’il considère comme le «drame de la terre entière»: «La société qui domine, la nôtre, a pris comme moteur la compétition. Il faut y réfléchir. C’est forcément un poison.»

Pourquoi? Parce que selon lui, chaque fois que l’on accepte la compétition, on accepte de passer devant un autre, de «mépriser quelqu’un, de le détruire. Et on est en train de se détruire, parce qu’un jour, on perdra».

A l’appui de son raisonnement, il évoque les grands personnages qui ont fait avancer la science et la pensée. «Einstein était-il compétitif? Absolument pas. Il ne se battait contre personne. Il n’avait pas envie d’arriver le premier. Il avait envie de comprendre, comprendre des choses qu’il n’arrivait pas à comprendre.»

Vingt-six ans après ces propos, voilà qui laisse songeur dans un monde toujours plus obsédé par la compétition, les classements et la binarité (si tu n’es pas avec moi, c’est que tu es contre moi). Albert Jacquard, s’il vous plaît, revenez!

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