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Pas si utile, la syntaxe?

On peut prôner une école «qui favorise les bons éléments» et se laisser piéger par les subtilités de la langue française, constate Nicolas Heiniger dans son «Air du temps».

01 avr. 2021, 05:30
AirDutemps-NicolasHeiniger

Un casque peut sauver une vie. Une virgule peut en sauver plusieurs. Si l’on écrit «On mange, les enfants!», on se représente une flopée de chérubins accourant joyeusement pour profiter d’un bon repas. Mais sans la virgule, on entre dans le registre du cannibalisme le plus sordide, et ce sont lesdits chérubins qui se font bouffer.

Ah, le français et ses subtilités. Même les politiciens bien d’ici se laissent parfois piéger. Dans son programme, distribué récemment en tous-ménages, un parti a écrit cette jolie phrase au nombre de ses objectifs: «Freiner le développement des prestations sociales publiques et la lutte contre les abus dans l’aide sociale».

C’est marrant, parce que ce «et» signifie littéralement que le parti en question entend freiner la lutte contre les prétendus abus qu’il dénonce. Les choses se corsent encore un peu plus loin. On peut lire que le parti souhaite, en matière d’école, «la fin des expériences et le développement de nouvelles méthodes pédagogiques coûteuses et peu efficaces». On devine que ce «et le» aurait dû être un «et du». Parce que développer des méthodes coûteuses et peu efficaces, pas sûr que ça séduise les électeurs.

Ce qui est piquant, c’est que cette formation politique demande également une école «moins égalitaire qui favorise les bons éléments». Visiblement, les compétences syntaxiques ne font pas partie des «savoirs incontestables et utiles» qu’elle aimerait voir enseigner.

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