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On se dit tu? Comme vous voulez…

Et si on supprimait le vouvoiement? On y gagnerait certes en simplicité. Mais on aurait beaucoup plus à perdre, souligne Eric Lecluyse, rédacteur en chef d’«ArcInfo».

21 avr. 2021, 05:30
Eric Lecluyse.

Toute notre vie, nous avons à choisir entre tu et vous. Ce choix n’est pas anodin. Il nous engage.

En japonais ou en vietnamien, on jongle avec davantage de pronoms selon l’origine, le sexe et le statut social. Mais l’usage est aussi plus codifié qu’en français, où règne le flou artistique.

On tutoie Dieu mais on vouvoie (ou vousoie) le prêtre. Sauf si on est allé à l’école avec lui. Quoique: c’est envisageable en privé mais sans doute pas à la sortie de la messe, ça pourrait mal passer auprès des autres paroissiens.

Au travail, le tutoiement gagne, jusqu’à un certain point. On vouvoie son chef ou sa cheffe. Sauf si on veut l’agacer. Ou s’il nous a proposé de le tutoyer. Et à condition d’oser: que vont penser les collègues de cette proximité naissante?

Dans un livre délicieux et remarquablement édité, «Le tu et le vous, l’art français de compliquer les choses» (éd. Flammarion), Etienne Kern détaille ces mécanismes, livrant moult anecdotes concernant des personnages célèbres.

Comme les révolutionnaires de 1789, des voix prônent aujourd’hui la mise à mort du vous, pour tendre vers le modèle minimaliste du you anglais.

L’auteur défend plutôt, et je le rejoins, le «vieux couple» que forment le tu et le vous, même s’il nous expose aux faux pas. Car, «outre la nuance, outre la liberté», il offre aussi «la joie».

Parce que, écrit Etienne Kern, «sans le vous, le tu perd tout son prix: si tout le monde se tutoie, où sont les êtres chers?» Et toi, qu’en dites-vous?

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