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«On ne se bise plus, OK?» l’air du temps de Sophie Winteler

«On ne se bise plus, OK?» L’air du temps de Sophie Winteler

14 mars 2020, 05:30
AirDutemps-SophieWinteler

«-Dis bonjour.
- Bonjour…
- Et même, bonjour madame!

Alors on dit bonjour madame ou monsieur. Et on apprend à tendre et serrer la main. Et les bisous? Même la tante Sidonie qui pique et l’oncle Gaston – qui ne se prive jamais de pincer les joues à faire hurler après ses trois becs, le tout avec un grand sourire bienveillant – y ont droit. On fait la bise et plutôt trois fois.

Rabâchées dès l’enfance, les règles de savoir-vivre impriment finalement ces gestes. Les rendent automatiques. On n’y pense plus. Ciao, la bise ou la poignée de main.

Quand se glisse un grain de sable dans ce rituel bien rodé, une nouvelle chorégraphie du salut est à inventer. Au début, on tend la joue mais juste avant le frôlement, on fait un pas en arrière. Un sourire gêné. C’est vrai, on n’ose plus. On en rit, on en parle et tout d’un coup, imperceptiblement, on aperçoit l’éloignement. La distance de sécurité a pris le pas sur le rapprochement. 

Les mains veulent s’enlacer, non. Elles apprennent plutôt à barboter dans l’eau ou l’alcool. Une toux, le regard se fait assassin. L’apprentissage de ce ballet de l’éloignement n’a rien d’instinctif. Au contraire, on doit lutter contre l’attirance.

Ça prend un peu temps, plus que quelques jours, on s’agace parfois mais pas trop pour ne pas être traité de potentiel serial contaminateur. Et on intègre finalement la ronde. Et dire qu’il y a fort longtemps, on cultivait l’art de la révérence.
 

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