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«On ferme!», l’air du temps de Bérénice L’Épée

Découvrez la chronique «Air du temps» de Bérénice L’Épée.

17 mars 2020, 05:30
AirDutemps-BéréniceL'Epée

«ON FERME! MESDAMES ET MESSIEURS! VEUILLEZ RESPECTER LA SEXUALITE DU PERSONNEL ET QUITTER L’ETABLISSEMENT! MERCI!»

Voilà comment, parfois, j’ânonnais au moment de la fermeture d’un bistrot dans lequel j’ai servi entre 2008 et 2010. Ça faisait sourire, mais ça ne marchait pas vraiment comme argument. Tant bien que mal, on finissait quand même par mettre les clients dehors, leur breuvage versé dans un verre en plastique.

Alors, avec les collègues, nous goûtions au temps suspendu après l’effort, c’était particulièrement savoureux. L’une se servait un rhum coca, l’autre aussi avec un verre d’eau, et moi je me tirais une bière. Et je crois pouvoir dire que c’était chaque fois la meilleure bière du monde. Que cette bière justifiait tous mes efforts de service.

Avec encore un peu de brouhaha de la cohue dans les oreilles, on terminait la vaisselle, nettoyait les latrines, lavait la machine à café et la tireuse. Les chaises étaient sur les tables, on passait le balai et nous comptions la caisse à l’abri des regards. Ainsi, l’on découvrait le montant de nos pourboires respectifs, que pour ma part, j’allais effectivement boire en partie ou complètement en finissant la soirée dans un troquet qui clôturait à peine plus tard, avec une autre formule également ânonnée.

Quand les autorités ferment les bistrots, les gargotes, les auberges, les cabarets, ce qu’elles nomment des «commerces non essentiels», je suis profondément triste. Inquiète aussi. Je pense à tous mes camarades de zincs et de fourneaux. Je pense très fort à vous.

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