«Non, j’ai pas peur. Et c’est sûrement pas moi qui pleure. Quand tu éteins dans le couloir. Qu’il fait tout noir.»
Ces paroles d’une chanson d’Anne Sylvestre ont illuminé l’un de mes jours crus, lendemain d’un sommeil trop haché. Au beau milieu de cette nuit-là, c’est pourtant une autre berceuse qui résonnait dans la chambre. Une mélodie fredonnée dans un doux balancement, pour que chacun retrouve paix et repos.
Il arrive qu’elle étende son emprise sur les jours, l’obscurité. Je ne vous parle pas ici de s’oublier entre ses bras, comme lors de ces épisodes de paresse, d’autant plus délicieux qu’ils sont parcimonieux. Pas de grasse matinée au programme, donc. Mais un pernicieux voile sur nos vies.
Les monstres de notre enfance hantaient les forêts ou étaient tapis sous nos lits. A force de les chasser de nos vies, nous les croyions partis. Comme ils nous manquaient, nous avions besoin de nous en inventer sans cesse de nouveaux. Mais cette fois-ci, c’est pour de vrai. Zou le grand méchant loup et autres histoires à dormir debout!
Les périls qui nous menacent et font nous sentir vivants s’affichent au grand jour. Ils sont partout et sur eux, nous savons presque tout. Pas rassurés pour autant, finirons-nous par devenir farouches?
En ces heures brumeuses, on aimerait tant être rassuré. A défaut de veilleuse et de bras aimants, n’étouffons pas cette voix intérieure qui nous dit de ne pas avoir peur.