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«Muhammad et les siens», l’air du temps de Catherine Lüscher

Découvrez la chronique «Air du temps» de Catherine Lüscher.

18 juil. 2020, 05:30
AirDutemps-CatherineLuscher

J’ai une pensée pour eux. Après les émeutes et les violences contre les musulmans de fin février, Muhammad et toute sa famille ont été confinés deux mois dans leur minuscule maison de la périphérie nord-est de New Delhi. Je me demande aujourd’hui ce qu’il est advenu d’eux. Il y a longtemps que je n’ai plus de nouvelles.

Lorsqu’ils m’avaient hébergée pour une nuit, ils vivaient à quinze au moins dans cette bâtisse. Je me souviens qu’il y avait l’électricité seulement dans la grande pièce à vivre qui se transformait en dortoir pour une grande partie de la tribu le soir. Et juste une ou deux autres, plus une sorte de «salle de bains» sans eau courante.

J’avais été accueillie chez eux en rentrant d’un trek au Zanskar. Et j’avais rencontré Muhammad dans un bus à Chandigarh, le vol qui devait m’emmener à Delhi ayant tout bonnement été supprimé. Le jeune homme, père de deux enfants et informaticien sans emploi, n’avait pas hésité une seconde avant de me proposer de m’héberger. Je lui avais demandé s’il était possible de dormir à l’aéroport, car je n’avais plus de quoi me payer une chambre dans une guest house. Tout juste de quoi le «dédommager»: il a reçu ma gourde, mon couteau à croix blanche et des médicaments.

J’ai dormi quelques heures dans le lit de la grand-mère, à ses côtés. Et alors que le jour pointait à peine, Muhammad nous a emmenés à l’aéroport sur son scooter, moi et mon gros sac à dos. J’ai pu rentrer en Suisse grâce à lui. Je ne les oublierai jamais.

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