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«Mouches vengeresses», l’air du temps de François Nussbaum

Découvrez la chronique «Air du temps» de François Nussbaum.

19 déc. 2019, 05:30
AirDutemps-FrancoisNussbaum

«Ah ben bravo, vous avez gagné le gros lot, on dirait.» La vendeuse du kiosque a le sourire, elle aime bien ses clients. Avec une empathie particulière à l’égard de ceux qui dépensent quotidiennement leur argent pour des billets de loterie même si, en fin de compte, ça ne leur rapporte rien. Mais là, elle a vite déchanté, plus vite que la petite dame qui croyait avoir touché le jackpot. «Excusez-moi, y’a pas de gain, c’est la faute à cet écran, il est trop sensible.»

C’est comme ça, on veut savoir tout de suite si on a gagné et, pour satisfaire cette impatience, on a inventé des connexions ultrarapides et des écrans ultrasensibles. La vendeuse est donc très prudente avec l’appareil – mais pas les mouches! Attirées par la lumière et les couleurs, elles viennent patiner sur l’écran et déclenchent le jeu. Et pas question d’utiliser un tape mouches, ça ferait sauter la banque!

Quand il a écrit «Les mouches», Jean-Paul Sartre reprenait le thème mythologique des Erinyes, ces insectes qui poursuivaient et martyrisaient ceux qui avaient gravement fauté. Comme ce pauvre Oreste qui, pour venger son père assassiné par sa mère, tue celle-ci. Contrarié, Zeus lui envoie les Erinyes aux basques. Il en devient fou.

Quel rapport avec les billets de loterie? Certains prédicateurs aux sourcils épais n’hésiteront pas à y voir une punition du Ciel contre les jeux d’argent et ceux qui croient au mirage de l’argent facile. Ce serait très exagéré, bien sûr… mais bon, allez savoir. En tout cas, moi, j’en achète jamais. Presque jamais.

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