«Expliquez-moi pourquoi les gens ont besoin d’entendre mon opinion sur le fait qu’un policier a appuyé son genou sur la nuque d’un Noir pendant 8 minutes et 46 secondes? (…) Parce que vous me faites confiance. Vous n’attendez pas de moi d’être parfait. Je ne vous mens pas. I am just a guy!»
Ces mots sont ceux de l’humoriste américain Dave Chappelle. «Nous sommes arrivés à un point où nous écoutons les comédiens et nous nous moquons des politiciens», écrit un internaute, en réaction à ce sketch. Il n’a pas tort. Aveuglés par leur recherche de la perfection, certains se cachent derrière des sophismes plutôt que d’utiliser les quatre mots interdits: «je», «ne», «sais», «pas».
Un tel aveu est souvent assimilé à un signe de faiblesse. Pourtant, le succès populaire de la candidature de Coluche à la présidentielle française de 1981 était révélateur. Il était «just a guy», lui aussi. Un type bourré de défauts qui ne prétendait pas le contraire.
Ces éléments expliquent peut-être pourquoi moins d’une personne sur deux vote en Suisse. Mais la population et les médias doivent aussi se poser la question: laissons-nous la possibilité aux politiciens d’être imparfaits? Pas sûr…
Durant la crise du Covid-19, Alain Berset n’a jamais prétendu avoir toutes les réponses. Au contraire, il a répété à maintes reprises avancer à tâtons et accorder son entière confiance aux spécialistes. Il a admis ses failles, évoqué ses doutes, ses interrogations. Son honnêteté était rassurante. Au fil du temps, Monsieur le conseiller fédéral Berset est devenu Alain.