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«Mensonge et compromission», l’air du temps de Thierry Brandt

La lecture des romans de Philip Kerr fait écho aux hantises de Thierry Brandt et inspire son «Air du temps».

28 juil. 2020, 05:30
AirDutemps-ThierryBrandt

Je termine en ce moment «L’offrande grecque», le roman posthume de Philip Kerr, dans lequel on retrouve son personnage emblématique, Bernie Gunther, cette fois en 1957, à cheval entre Munich et la Grèce.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas: Gunther est un ancien commissaire de la police judiciaire de Berlin. Antihéros, il traverse les époques, de l’arrivée au pouvoir des nazis à l’après-guerre d’Adenauer, au fil d’enquêtes mêlant personnages de fiction et figures historiques: Göring, Himmler, Heydrich, Nebe, les frères Bormann, pour ne citer qu’eux.

Aux thématiques chères à Kerr font écho celles qui me hantent: dans la grande balance de l’existence, que pèsent les responsabilités individuelle et collective? A combien de mensonges avons-nous droit sans basculer dans la compromission?

Nous sommes tous des menteurs. Peut-être même que dans une journée, nous mentons davantage que nous disons la vérité: à nous-même comme aux autres, sciemment ou par omission. Tous ces mensonges ne prêtent pas à conséquence. Mais des drames de nos pauvres vies aux abjections des dictatures, des lâchetés quotidiennes aux erreurs irréparables, il y a une dimension tragique dans laquelle évolue Bernie Gunther, toujours sur le fil du rasoir. Et nous avec lui.

Gunther est un fantôme à la dérive. Désabusé, il survit grâce à son cynisme et son humour. Noir. Inutile de chercher les bons sentiments dans les romans de Philip Kerr, dont la densité prolonge indéfiniment chaque lecture.

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