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«Magret de cormoran, sauce vigneronne», l’air du temps de Luc-Olivier Erard

Il n’y a pas que le canard laqué, dans la vie.

04 oct. 2019, 05:30
AirDutemps-LucolErard

Les esprits les plus éclairés soutiennent qu’il n’existe pas de recette simple à des problèmes compliqués. C’est faux.

Prenez la disparition des perches du lac. J’en connais qui, dans les années 1980, fustigeaient l’interdiction des phosphates dans les lessives. Le lac de Neuchâtel, privé d’une source d’engrais majeure, avait retrouvé une transparence qui plaisait aux baigneurs. Mais elle permettait à la perche, notre dauphin local, de repérer les nasses des pêcheurs à des kilomètres. C’était le début d’une descente aux enfers.

La suppression du DDT, un insecticide puissant, a brusquement interrompu l’extinction du cormoran. Le plus mazouté des volatiles n’a alors pas tardé à remarquer que notre gouille était peu sujette aux marées noires et bien fournie en perches intelligentes.

Parallèlement à cette redistribution des cartes lacustre, l’économie neuchâteloise et mondiale s’internationalisait. On ne peut pratiquement plus toucher un produit alimentaire transformé sans qu’il ait fait quatre fois le tour de la Terre, genre «produit élaboré en Pologne à partir de viande suisse tranchée en Chine. Saumure: Chili. Origine du produit: voir ticket de caisse.»

Vous pensez que ces deux problèmes n’ont rien à voir l’un avec l’autre? Eh! Si vous voulez une économie de circuit court, il faut faire avec ce qu’on a. Le salut culinaire de Neuchâtel ne passe plus par la perche, et pas non plus par les vaches à effet de serre. La solution: manger du cormoran. Il paraît que sa viande pue. Est-ce que ça freine l’économie du vacherin? Non.

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