Confinement oblige, l’autre soir, j’ai revu «La gifle» de Claude Pinoteau, avec Lino Ventura et Isabelle Adjani, notamment. Lino Ventura y campe un quinquagénaire qui élève seul sa fille de 18 ans, sa femme étant partie avec un Anglais. Il perd aussi sa compagne, qui le quitte, et son poste de prof. Qu’à cela ne tienne, il écrira. Et fera face.
Au-delà de l’explosion du talent pur d’Isabelle Adjani, la comédie fleure bon l’insouciance bigarrée des seventies. Quel bonheur, surtout, de revoir Lino Ventura, un acteur physique. Une gueule sur un corps de lutteur, une présence irrécusable. Mais avec une telle élégance! Une sobriété aussi, une retenue, pas un mot superflu, des gestes précis. Et la force des silences, du seul regard.
Rien à voir avec ces acteurs gravures de mode contemporains et efféminés (à qui l’on conseille de laisser pousser une barbe de trois jours pour faire viril, mais qui s’épilent les mollets) qui servent surtout de supports publicitaires pour parfums de marque.
D’ailleurs, j’en suis certaine, jamais Lino n’aurait laissé l’addition au resto. Ce n’est pas lui non plus qui m’aurait congédiée au téléphone – j’ai déjà vu pire, par SMS… Une race d’hommes perdue ou d’un temps apparemment révolu. Quoi qu’il en soit, pour une fois, la pub a raison, définitivement: «Elegance is an attitude».