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«Lève-toi et cours», l’air du temps de Bérénice L’Épée

Découvrez la chronique «Air du temps» de Bérénice L’Épée

12 févr. 2020, 05:30
AirDutemps-BéréniceL'Epée

Jésus était quand même plus cool quand il a dit au paralysé quelque chose comme «Lève-toi et marche». Plus précisément, il aurait dit «Lève-toi, prends ton lit et retrouve ta maison», mais dans notre société de la performance, à peine debout, il faudrait déjà courir…

Il est 5h38 du matin. Un tumulte inopportun vrombit jusqu’à ma fenêtre. Il s’agit des 1300 coureurs ultra-matinaux qui ont payé pour agiter leurs guiboles aux aurores. Ils se croient seuls au monde ou quoi? Ça rigole, ça glousse, ça s’esclaffe, et même ça théorise!

Bien à l’horizontale dans mon lit, je ne sais pas s’ils montent la rue ou la descendent, mais je perçois parfaitement qu’ils sont tapageurs à une heure tout à fait indécente, particulièrement au lendemain des 40 ans de ma sœur.

Plus tard dans la matinée, je me suis fendue d’un courriel sentencieux à l’organisation de l’événement, pour confier l’amertume d’un sommeil avorté par des fous du bitume, à peu près en ces termes: «Si je suis heureuse que l’espace public profite à des gens (très très très) différents de moi, je souhaiterais que ces personnes respectent le choix des paresseux en courant le plus en silence possible. Pitié.» Que voulez-vous, je crois fermement à la courtoisie.

Au milieu de cette foule grisée par l’effort dans l’aube, certains étaient cependant plus silencieux. C’est alors que j’ai entendu ce son remarquable, celui des semelles caoutchouteuses sur les pavés. Ça faisait le bruit de la pluie, comme une averse sur les toits, forte et douce à la fois. Et c’était beau.

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