Et si le bonheur n’était pas si inaccessible que ça? Des petits riens, des instants volés parfois. Une joie le plus souvent fugace. Des souvenirs aussi. Des plaisirs de bouche ou de peau, comme l’arôme subtil de la glace aux amandes ou une caresse sur la joue, peut-être? Une simple impression rétinienne, même insaisissable?
Sentir la rosée matinale sous ses pieds nus en baillant et en s’étirant dans le jardin. Discuter avec sa meilleure amie pendant des heures au téléphone et se repasser nos hauts faits «fatals» en riant aux éclats. Admirer un lac qui chatoie et vibre sous une bise assez alerte pour faire «chanter» les drisses des voiliers contre les mâts. Etre très fière de sa salade de haricots au pesto et citrons confits.
Penser à son père, entre un sourire et une larme, en achetant des filets de perche au pêcheur du coin, en songeant qu’on n’aura jamais trouvé le temps de les attraper dans nos filets ensemble, même à sa retraite.
Etre certaine que votre chatte norvégienne bleue Cinquante nuances de gris – de son vrai nom Almira Gaïa de Griège – vous aime vraiment lorsqu’elle s’obstine à vouloir dormir sur votre tête en pétrissant votre tignasse et en ronronnant comme un 3 litres diesel. Relire pour la 20e fois ses titres préférés de Duras.
Ou même, en souriant, faire la vaisselle de la veille et ranger sur «Paroles, paroles» massacrée à tue-tête – après une soirée pourtant partagée aux bougies et qui ne fut que promesses. Et puis se dire que c’est une chance de pouvoir aimer la vie comme ça.