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«Les mains de fer», l’air du temps de Stéphane Devaux

Les mots ne disent pas toujours tout de la réalité, estime Stéphane Devaux dans son «Air du temps».

06 févr. 2020, 10:40
/ Màj. le 07 févr. 2020 à 05:30
AirDutemps-StephaneDevaux

C’est fou comme, même dans sa propre langue, il faut avoir des qualités de traducteur pour saisir le sens profond de certains termes. Tenez, l’autre jour, dans une dépêche nous apprenant le décès d’un ancien chef d’Etat, on pouvait lire qu’il avait dirigé son pays «d’une main de fer». Et sans le moindre gant de velours, apparemment… Plus loin, il était écrit qu’il s’était affirmé comme «un opposant au multipartisme».

Vous voyez d’ici la scène. De braves sujets quémandant le droit de créer un parti d’opposition. Et le président de les congédier d’un geste condescendant, lâchant cette formule: «Le multipartisme, voyez-vous, je ne suis pas pour. C’est compliqué et cela m’empêcherait de guider mon pays d’une main de fer…»

Pas crédible pour deux ronds, évidemment. Sauf dans «Ubu roi», éventuellement. Non, là, c’est pour de vrai. Alors appelons un chat un chat et un dictateur un dictateur. Et cette main de fer qu’il brandit, lui ou un autre, elle massacre la démocratie autant qu’elle muselle et fait taire l’opposition. C’est celle qui enferme ou exécute au terme de procès sommaires et arbitraires. C’est celle qui censure, qui réprime et qui torture.

C’est celle aussi qui bafoue les droits élémentaires et qui méprise les plus faibles et ceux qui revendiquent leurs différences. C’est celle qui transforme de trop nombreux Etats en prisons à ciel ouvert. On croyait il y a 30 ans que les mains de fer allaient s’abaisser et devenir des mains tendues. En 2020, on se rend compte que notre espoir était bien naïf.

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