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Les glaciers sont éternels

C’est devenu une triste habitude: dans les Alpes, on enterre symboliquement les glaciers qui fondent. On leur a coupé la langue, mais on peut encore les raconter, se console Vincent Costet.

03 juil. 2021, 05:30
AirDutemps-VincentCostet

L’été dernier, les Valaisans enterraient symboliquement le glacier du Trient, qui a reculé de plus d’un kilomètre en 30 ans. 

Gamin, c’était ma balade préférée. Une marche d’une petite heure en partant du col de la Forclaz, au-dessus de Martigny, sur un chemin presque à plat, le long d’un bisse. On jetait des pives dans le courant pour commenter leur course. Notre Grand Prix de F1 à nous. Prost contre Senna. Le réchauffement climatique n’existait pas. 

Puis c’était le pique-nique, à la cabane du Trient. Et la sieste, souvent perché sur un bloc erratique. On sautait ensuite de pierre en pierre pour atteindre la langue bleutée du glacier. Une expérience meilleure que n’importe quelle glace au chocolat. 

Le Trient a connu sa dernière avancée jusqu’en 1987. Puis il a reculé. Pour de bon. Chaque année, il fallait monter un peu plus haut pour le toucher. Et éprouver la puissance du torrent. De cette eau qu’on dit douce, et qui se déverse plus que jamais dans les océans…

Cinq mètres, puis 20, puis 100. En quelques années, on a coupé la langue à ce témoin millénaire. 

Je ne sais pas si j’ai envie d’y retourner avec mes mômes. Je n’aurai aucun géant blanc à leur montrer. Juste une histoire peut-être encore utile à raconter. Et les pives qu’on lancerait dans le bisse, on leur donnerait les noms de héros différents. 

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