L’histoire se déroule au Pays des pierres dorées, dans le vallon de l’Ombre. Au pied d’un château de conte de fées, il pourrait s’agir d’une fable. L’aventure est pourtant bien réelle et elle est exemplaire.
A Jarnioux, dans le Beaujolais, la population a pour habitude de finir son été «à l’ombre des mots». Le temps d’un dimanche, on ferme la rue principale aux voitures. La veille, les petits ont mis la main à la pâte pour mettre des couleurs dans leur décor. Les grands ont fait de la pâtisserie.
Ce festival, c’est une fête de village qui ouvre les portes et les esprits. Les habitants mettent un peu de poésie dans leur quotidien. Chacun peut faire des «siestes littéraires» ou élire le plus joli gros mot. Cette enfance de l’art est-elle trop belle pour être vraie?
Dans cette coquette bourgade, il n’y a pas de gilet jaune. Mais il paraît qu’on en a vu au giratoire d’une ville voisine, avec sa banlieue et ses problèmes sociaux. Ses centres commerciaux aussi, où des Jarnoussiens font leurs courses, même le dimanche matin.
Faut-il un cadre de vie privilégié pour l’éclosion d’une convivialité poétique? On aimerait que cette nature-là pousse partout où l’humain respire. Elle dresserait peut-être un barrage à la désertification des cœurs, et pas seulement dans les campagnes. En attendant, sur les routes de France, des révoltés ont réussi à mettre des mots sur leurs maux. La couleur de leur gilet a viré au doré.