Votre publicité ici avec IMPACT_medias

«Le fantasme, ça aide», l’Air du temps de François Nussbaum

Découvrez la chronique Air du temps de François Nussbaum.

07 mai 2020, 05:30
AirDutemps-FrancoisNussbaum

Bon, les colinettes, on s’est collé les bises autorisées, maintenant vous allez me raconter votre journée. Juste un petit coup d’hydroalcoolique, hop. Pouah. Quoi, faut pas boire? Trump, il a dit… Oh çui-la! Alors, Lou, tu as fait une promenade cet après-midi? «Pim-pam, pipi, tôtuuh.» Limpide: elle a fait de la balançoire, écouté les oiseaux et vu une petite tortue. Je vais lui apprendre le mot escarpolette, ça va pas être triste.

Et toi, Anaïs, qu’est-ce tu as mangé à la garderie? Une surprise? Chouette, et c’était quoi? «Ben, si je te dis, c’est plus une surprise.» Funérailles, quel est le tordu qui apprend la dialectique et le paradoxe à une gosse de même pas 3 ans? Ça promet: bientôt elle me demandera comment l’univers a été créé et ce qu’il y avait avant.

Mais tout ça, c’est du fantasme. Parce qu’on s’y perd: Koch dit qu’on peut embrasser ses petits-enfants, puis le Dr Pittet précise: «Oui, mais pas avant deux ans.» Heureusement qu’on a la tête sur les épaules, même si la première est chenue et les secondes voûtées. On va pas s’amuser à faire tout faux en attendant la synthèse de Berset!

De toute façon, je me voyais mal bécoter mes deux escrebettes sous l’œil inquiet de leurs parents à deux mètres, chronomètre en main et prêts à siffler la fin des effusions. Alors on fantasme. «Les petites, on va faire un jeu. Lou, reviens, doucement, attention au seuil, aïe… Bon, toi Anaïs, explique-moi ce jeu, Pépé veut apprendre. Pourquoi tu rigoles?»

François Nussbaum

Votre publicité ici avec IMPACT_medias