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«La mouche et le sirop», l’air du temps de Bérénice L’Épée

Découvrez la chronique «Air du temps» de Bérénice L’Épée

07 janv. 2020, 05:30
AirDutemps-BéréniceL'Epée

L’histoire se passe dans un puits de lumière, où il fait chaud en été, froid en hiver. Une fenêtre donne sur celui-ci et de celle-là, les chats caquettent, ou presque ça. Derrière, une mouche grosse comme une cacahouète assure le spectacle, mais on ne l’entend pas. On est au mois de décembre, elle a trouvé en ce lieu un espace bizarrement chaleureux.

Lors d’un anniversaire, le rebord de la lucarne avait servi de frigo pour un meringué aux petits fruits, lequel avait toutefois rendu un peu de son sirop, et on l’y avait laissé depuis. Le sirop, pas le gâteau.

Voilà que l’année passe, c’est déjà le mois de janvier. Et chose étrange, les chats n’ont pas fini de caqueter. La grosse mouche n’en finit pas de bourdonner dans son bocal de lumière. On s’étonne un peu, est-ce la même? Comment tient-elle cette rigueur séculaire? S’appellerait-elle Mathusalem?

Mais l’énigme se résout bien vite, c’est la tache de sirop (séché) qui lui profite. A observer, c’est d’ailleurs assez impressionnant: la matière déshydratée s’amenuise du jour au suivant. A l’inverse, de petites selles rondes et aplaties entourent toujours plus nombreuses l’écuelle bénie. La mouche va bien.

Hélas, rien ne dure sur cette planète, la justice du temps se donne même dans un puits de lumière. Plus un chat ne caquette et on n’a plus vu la mouche depuis hier. Qui l’eut cru, qu’une mouche grosse comme une cacahouète put laisser un si grand vide? Ceint par les petits points noirs, seul le sirop entamé réside. Et la question se pose alors, faut-il astiquer ce rebord ou laisser ouvert ce comptoir?

Clap de fin de cette histoire, du sirop comme de la mouche, il ne restera plus rien.

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