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«La fin du mot», l’air du temps de Catherine Lüscher

Découvrez la chronique «Air du temps» de Catherine Lüscher, qui s’interroge sur la novlangue utilisée dans les textos.

25 janv. 2020, 05:30
AirDutemps-CatherineLuscher

Ne nous méprenons pas. La concision forcée des textos me plaît assez. En fin de compte, c’est un bel exercice de devoir aller à l’essentiel. L’opportunité de renouer en quelque sorte avec le nouveau roman. Mais honnêtement, il est plutôt rare de recevoir des poèmes en prose: «Tkt, mokup 2 tou!»; «C1 blag? MDR»; «Ne vi1 pa»; «Tukif sa ras?» La fin du mot.

Mais on s’en fiche. Tout irait bien, paraît-il, tant qu’on adresse la parole – en vrai, si ça se trouve avec un postillon – à l’un de ses semblables au moins une fois par semaine, selon le psy (c’est beaucoup plus que l’amour dans un couple établi, Madame la marquise).

L’orthographe, on s’en fout! Quoique: admettez que «sui vreman le roi dkon. Je TM. Tu ait une fame tro class», ça fait froid dans le dos et ailleurs, «DTC!».

Sans blague, les mots ne sont-ils pas les plus forts, irrésistibles même parfois, lorsqu’ils sont incarnés? Ne sont-ils pas vivants portés par une voix, un timbre particulier, un accent, des inflexions… Soutenus par un regard qui acquiesce ou infirme, une paupière qui s’abaisse, un souffle, un geste, un parfum, un silence…

J’ai tout à fait conscience d’appartenir au 20e siècle et de courir le risque d’apparaître à certains comme l’ovni de la série «X Files». Une résistance vaine et un peu risible? Allons, rions un peu. Tout ça m’éclate, surtout quand ça se termine par «apl mois!».

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