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«Je te dis vous», l’air du temps d’Emanuele Saraceno

Découvrez la chronique «Air du temps» d’Emanuele Saraceno.

22 févr. 2020, 05:30
AirDutemps-EmanueleSaraceno

Il faut savoir s’adapter au temps qui passe. C’est vrai dans bien des domaines. Et naturellement, celui du monde du travail ne fait pas exception. Ainsi, quand j’ai commencé dans le journalisme sportif, il était naturel et spontané de tutoyer mes interlocuteurs. La réciproque était vraie.

C’est plus compliqué depuis quelques années. Avec les jeunes sportifs, j’attaque avec le vouvoiement, pour qu’ils ne se sentent ni mal à l’aise, ni pris de haut. Avec les anciens, ceux que je connais depuis longtemps, le tutoiement est naturel.

Parfois, avec des athlètes que je côtoie depuis un certain temps, je prends la liberté de les tutoyer en leur demandant de faire la même chose. Souvent, ils s’entêtent à vouvoyer. Petit malaise. Avec les dirigeants et les coaches, c’est plus simple. Je suis la ligne adoptée depuis mes débuts: vouvoiement automatique jusqu’à ce qu’ils proposent le passage au tutoiement.

Gros coup de vieux en salle de presse. Le «tu» est, depuis toujours, de rigueur entre journalistes. D’où mon effarement lorsqu’un jeune collègue d’une radio s’est adressé à moi lors du récent «Final Four» de la Coupe de la Ligue de basket en attaquant avec un: «Excusez-moi, Monsieur…»

Heureusement, je me rends assez souvent à Rome, où, des chauffeurs de taxi aux serveurs en passant par quelques vendeurs, le tutoiement est fréquent, indépendamment de mon gros déficit capillaire et de ma barbe grisonnante. Sauf que, retournement de situation, là parfois c’est moi qui suis mal à l’aise et qui vouvoie en retour mon interlocuteur. Qui ressent alors lui-même une certaine gêne.

Ah, heureux les anglophones avec leur «you»!

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