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«Je t’aime, mon fils», l’air du temps de Vincent Costet

Accompagner ses enfants sur les premiers pas de la vie, tromper la fatigue, savourer les moments: découvrez «L’Air du temps» de Vincent Costet.

15 sept. 2020, 05:30
AirDutemps-VincentCostet

Tu t’es laissé choir sur l’herbe, sans crier gare. J’en tombe de surprise, et je m’allonge sans force à tes côtés. Comme un nageur épuisé qui retrouve enfin pied, les yeux dans le ciel, je respire.

La vie, petit, m’entraîne dans ton sillage, si large qu’il submerge, aux heures de lassitude, jusqu’à ce goût de l’amer. Il y a longtemps que toutes ces lieues en bateau ivre, à tanguer au milieu des jouets, ont recouvert le souvenir. Ta première conquête de l’espace. Un pas minuscule, sur un carré de parquet ridicule, avec mes bras, et ceux de ta maman, pour seul véhicule.

Toi qui ne saurais marcher seul, tu joues ingénu, sur un fil de funambule, avec mon équilibre. Et déjà tu cours entre mes mains. Regardez-moi ce général en chaussons, cette frimousse de conquérant! J’en ai plein le dos, de tes tribulations… C’est ma fatigue que tu piétines.

Cet empire que tu traces à coups de centimètres, tous ces tiroirs tirés et ces battants, tous ces pleurs et ces gloussements, bientôt ces jeux-là n’existeront plus, que dans ma tête. A la pensée de te voir me filer entre les doigts, tes premiers pas sans moi, de cet air de triomphe qui irradie mon âme, déjà je me voûte et je tombe.

Je n’avais pas encore trouvé la force de te l’écrire, mais voilà: je t’aime, mon fils. On est assis là, dans l’herbe, tous les deux. Le ciel est haut, et nul vent. Le moment s’isole de la course du temps. Et dans ta main, un brin de vert, qui suffit à remplir l’univers.

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