«J’apprends, donc je suis», l’air du temps de Thierry Brandt

Un jour, un étudiant qui préparait une étude sur le journalisme m’a demandé quelles étaient mes motivations et les raisons pour lesquelles j’avais choisi ce métier. Je lui ai répondu qu’il y en avait au moins deux: la curiosité et la soif d’apprendre. J’ajouterai aujourd’hui, maintenant que j’ai quelques kilomètres supplémentaires au compteur, qu’il s’agit de l’une des rares professions à offrir une formation continue permanente.

Pour moi qui suis un flemmard contrarié, ce métier me sauve d’une certaine paresse intellectuelle, du cynisme et de l’indifférence que la routine du quotidien finit immanquablement par nous imposer. Apprendre, ce n’est pas accumuler une montagne de connaissances, c’est réfléchir différemment.

Un exemple. Je me souviens d’une rencontre avec le généticien Albert Jacquard, qui m’avait fait part de son rêve de voir un jour notre «société de compétition» se transformer en «société de coopération», appelant à une «révolution» dès les premiers programmes scolaires.

«Le système capitaliste mondialisé classe tout le monde, les gens, les entreprises, les Etats, en fonction de leurs performances, leurs résultats financiers, leur efficience», disait-il en substance. «Mais quelle efficience? Ce qui m’intéresse, c’est l’esprit de collaboration: quelles sont les compétences de mon voisin qui peuvent compléter les miennes pour que nous puissions progresser ensemble?»

Albert Jacquard parlait de tout ce territoire qui, parce qu’il n’est pas forcément marchand, n’est pas considéré comme enrichissant. Et pourtant.