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Irena et les 2500 enfants

Fasciné par les «héroïnes du quotidien», Thierry Brandt revient sur l’histoire d’Irena Sendlerowa dans son «Air du temps».

23 févr. 2021, 06:00
AirDutemps-ThierryBrandt

J’ai toujours été fasciné par les héroïnes du quotidien, ces personnes ordinaires qui se distinguent par leur comportement et leur action dans des situations paroxystiques, souvent oubliées des grands récits historiques. Je suis tombé l’autre jour sur un podcast de France Culture consacré à Irena Sendlerowa, une Polonaise qui est parvenue à sauver 2500 juifs du ghetto de Varsovie entre 1940 et 1943.

Travailleuse sociale, elle a le droit d’entrer et de sortir du ghetto pour soigner les malades du typhus. Ce dont elle profite pour extraire ces enfants promis au camp d’extermination en usant de différents stratagèmes. Elle s’arrange ensuite pour les cacher chez des particuliers ou des institutions, au péril de sa propre vie. Elle sera d’ailleurs arrêtée et torturée par la Gestapo. Parvenant à s’échapper, elle conservera de cet épisode une infirmité à vie.

Il a fallu des décennies pour que son histoire remonte à la surface et qu’elle soit déclarée «Juste parmi les nations» par Israël. «Un oubli relatif qui tient notamment à son humilité», souligne Jean-David Morvan, le scénariste français qui lui a consacré une BD remarquable en cinq épisodes («Irena», éditions Glénat). Son humilité… Quand elle évoquait ces années sombres, Irena Sendlerowa se mettait à pleurer, parce qu’elle avait honte de ne pas avoir sauvé davantage d’enfants.

Je me suis demandé, si elle vivait encore aujourd’hui, ce qu’elle penserait de notre époque, rythmée par nos vanités dérisoires sur les réseaux sociaux, où la moindre balade dominicale dans la neige avec les enfants et le chien donne lieu à un post sur Facebook ou une story sur Instagram. Je t’en foutrai, moi, des stories!

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