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Infréquentable mais bankable

Ecrivaine à succès, elle a séduit des millions d’enfants. Aujourd’hui, certains veulent la déboulonner, raconte Daniel Droz.

19 juin 2021, 05:30
AirDutemps-DanielDroz

Raciste, sexiste et homophobe: le constat est sec. English Heritage, la vénérable institution chargée de la gestion du patrimoine historique d’Angleterre, vient de donner un gros coup de canif dans une de mes références.

Celle-ci date de ma prime jeunesse. Autant dire que j’ai dû être fortement influencé. Véritable pilier de la Bibliothèque rose – c’est pour les enfants, pas pour les adultes –, les aventures du Club des Cinq ont égayé mon enfance.

Je me rêvais les partager avec Claude, Annie, Mick, François et, surtout, Dagobert. Chasse au trésor, en roulotte, en vacances: des évasions plein la tête. C’était avant que je ne passe à la Bibliothèque verte. Après ce sera San Antonio, tiré de la bibliothèque familiale et dont je ne pigeais pas un mot à 10 ans.

Derrière Jules Verne, Agatha Christie et William Shakespeare, Enid Blyton est la quatrième auteure la plus traduite au monde

Revenons-en à nos Cinq et à son auteure, Enid Blyton, décédée en 1968. Ecrivaine peu considérée, assène encore English Heritage. Un verdict sans concession.

Faut-il la déboulonner? «Encore faut-il que statue il y ait. (…) J’ai plutôt envie de paraphraser Revel, disant que ses écrits n’atteignent pas le niveau qui autoriserait à en dire du mal», répond une chroniqueuse du magazine «Lire». Voilà pour la critique littéraire!

Pourtant, derrière Jules Verne, Agatha Christie et William Shakespeare, Enid Blyton est la quatrième auteure la plus traduite au monde. Ses livres se sont écoulés à plus de 600 millions d’exemplaires. Ça fait pas mal pour un manque de considération.

A défaut d’être fréquentable, elle reste – désolé pour l’anglicisme – bankable.

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