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«Ils ont été pris en grippe», l’air du temps de Stéphane Devaux

Le coronavirus ne doit pas nous faire oublier d’autres pandémies. Et certaines ont de quoi nous rendre malades, constate Stéphane Devaux dans son air du temps.

06 mars 2020, 05:30
AirDutemps-StephaneDevaux

J’ai la rage. Non, pas la maladie. Enfin, je ne crois pas. Je n’en présente pas les symptômes. Encore que, depuis quelques jours, on s’écoute beaucoup. Je tousse le matin, dois-je m’inquiéter, docteur? Et si j’ai un gros coup de mou dans l’après-midi, à quoi est-ce dû? Stress, surcharge ou bien, encore que je me demande bien comment il aurait pu arriver jusqu’à moi, effet néfaste de ce minuscule virus qui paralyse la planète? Sentiment anxiogène…

On s’écoute et on se raisonne. On relativise. Mais les symptômes reviennent. Irritation. Démangeaisons. Et ce sentiment d’urgence fébrile. On a beau se désinfecter, s’assurer qu’on a les mains propres, on a quand même cette impression désagréable de quelque chose de sale et pas net. Porter un masque? A quoi ça servirait? C’est comme si on se voilait la face tout entière et qu’on refusait de voir la réalité.

Cette réalité-là n’est pas celle d’un hôpital ultra-équipé, où des équipes ultra-rodées mettent tout en œuvre pour soigner et protéger, aider et rassurer, même face à un phénomène au visage encore mal connu.

Cette réalité-là se situe aux portes de l’Europe, aux confins de la Grèce et de la Turquie. Ceux qui souffrent ne fuient pas un virus. Ils fuient des régimes et des Etats qui les ont pris en grippe et les ont poussés sur les routes de l’exil. S’ils sont confinés, c’est sous tente, loin de chez eux et ils n’ont rien pour se protéger. Ils n’ont pas une hotline qui leur indique la marche à suivre. Ils ont peur. Ils tentent d’échapper à une pandémie mortelle, dont les traits sont hélas trop connus: la guerre et la haine.

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