«Je te jure, maman, dans ma classe, ils ont TOUS un smartphone. Je peux aussi en avoir un?» Suis-je une extraterrestre? Ai-je bien entendu chaque bribe de mot prononcée par mon garçon de 8 ans? Je me le répète dans ma tête, pour bien saisir le poids de cette affirmation: dans sa classe, ses copains de 8 ou 9 ans ont TOUS UN SMARTPHONE, SAUF LUI, le pauvre chérubin qui est tombé sur les mauvais parents.
Pas de bol, vraiment, d’avoir des géniteurs aussi irresponsables. En grattant un peu, je découvre qu’il n’est quand même pas le seul nécessiteux à se balader sans natel. «On est trois ou quatre à ne pas avoir de téléphone…»
Me voilà sauvée. Donc je devrai utiliser les arguments d’une vieille qui a grandi sans natel au millénaire passé pour prouver à mon chérubin qu’on peut vivre sans smartphone à l’âge de 8 ans! «D’abord, pourquoi aurais-tu besoin d’un téléphone?» Le petiot affûte ses arguments: «Si je suis malade à l’école ou s’il m’arrive quelque chose, j’aimerais pouvoir t’appeler.» Dans ces cas-là, c’est le maître qui me contacte, lui rétorqué-je.
«Et si quelqu’un m’attaquait sur le chemin de l’école?» Là, c’est du délire. Je dégaine l’argument écologique, qui pourrait faire mouche. «Sais-tu que l’utilisation du smartphone occasionne deux fois et demi plus d’émissions de gaz à effet de serre qu’un aller-retour Paris-New York en avion?» Mon garçon reste choqué. Uppercut, puis KO. Pour cette fois. Mais combien de temps vais-je résister?
Le combat contre l’addiction précoce au smartphone est-il perdu d’avance? Tant que nous, adultes, ne parviendrons pas à débrancher, il y a peu d’espoir que la génération future y arrive…