C’est un étrange message que nous avons reçu à la rédaction une semaine avant la grève des femmes, émanant d’une spécialiste des ressources humaines. «Il y a quelque temps, il m’est venu l’idée d’agir ‘positivement’ pour cette fameuse grève féministe du 14 juin. OUI, il y a des hommes féministes. OUI, parmi eux il y a aussi des dirigeants (j’en connais quelques-uns). J’ai imaginé une pleine page dans ArcInfo avec des photos d’hommes CEO qui ont de la considération pour leur personnel féminin.»
Comment dire. Cette idée, juste avant la manif, de mettre en scène des patrons qui clament leur «considération pour leur personnel féminin» me fait penser à ces industriels des années 1970 qui se croyaient progressistes parce qu’ils venaient de promouvoir une femme cadre («Vous vous occupez du café, Jeannine?»).
Ce mot «considération» sonne aussi tellement faux. Toutes celles qui se battent pour l’égalité ont besoin de «soutien», d’«engagement», pas de tiédeur. L’idée même (venant d’une femme!) de montrer des hommes de pouvoir le jour où les femmes revendiquent leurs droits a quelque chose d’indécent.
Messieurs, nous serions heureux de parler des avancées féministes dans votre entreprise, en allant à la rencontre de ces femmes qui s’y épanouissent. Mais de grâce, pour faire le bien, il faut commencer par choisir les bons mots.