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«Génuréflexion», l’air du temps de Thierry Brandt

"La génuflexion est ainsi passée de la soumission à l’insoumission", écrit Thierry Brandt dans son "Air du temps".

23 juin 2020, 05:30
AirDutemps-ThierryBrandt

Un genou à terre, l’autre à l’équerre servant d’appui aux avant-bras: cette posture symbolique accompagne toutes les manifestations antiracistes depuis le meurtre de George Floyd.

Tout le monde n’a pourtant pas la même interprétation de ce geste. Certains le considèrent comme une marque de soumission et s’étonnent de le voir apparaître en de telles circonstances. On est très loin du poing levé, ganté de noir, des Black Panthers des années 1960-1970, agressif et révolutionnaire.

Quand on plonge dans l’histoire des rites qui balisent les civilisations, la génuflexion est d’abord une marque de respect de l’autorité: devant un dieu quand on prie, devant son roi ou sa reine, devant le seigneur qui vous fait chevalier. C’est celui du vaincu qui dépose les armes aux pieds de l’empereur victorieux.

Aujourd’hui, il prend une autre signification. Les historiens rappellent que c’est Martin Luther King qui l’a popularisé, en 1965, à Selma, dans une prière en pleine rue à l’occasion d’une marche pour les droits civiques. Il faut donc le voir comme un geste d’humilité, d’hommage, de refus de la violence, a l’opposé de celui du policier Derek Chauvin sur la nuque de George Floyd. Un symbole anti-Trump également.

Il a été remis au goût du jour il y a quatre ans, en août 2016, par le joueur (noir) de foot américain Colin Kaepernick, qui s’est agenouillé au moment de l’hymne national. «Je ne vais pas me lever pour ce drapeau et montrer de la fierté alors que des personnes de couleur sont opprimées», déclarait-il alors. Ce qui lui avait valu de se faire traiter de «fils de pute» par le président orange.

La génuflexion est ainsi passée de la soumission à l’insoumission.

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