Le petit garçon s'approche, un peu maladroit dans sa démarche. Il sourit. Moi aussi. Dehors, il pleut. Encore un été pourri, me dis-je.
Il m'apostrophe: «Pourquoi Noé et sa famille partent en vacances, et pas nous?» Question piège. Côté finances, ce n'est pas la joie cette année encore...
«Tu sais, ses parents travaillent beaucoup... ils méritent bien de pouvoir décompresser un peu», tenté-je.
Il fronce les sourcils. «Mais toi aussi, tu travailles... et tu rentres des fois tard le soir. Maman dit toujours que tu travailles trop. Elle est souvent pas contente.» Arf, elle ne m'aide pas sur ce coup. Essayons autre chose. «C'est mieux pour la planète si on ne prend pas l'avion. C'est important. Tu as vu l'autre jour comme le village a été inondé. Tu ne veux pas que la maison soit aussi sous l'eau, non?»
Il réfléchit un instant, reprend son souffle. «Tu racontes n'importe quoi, la maîtresse a dit que c'était pas possible que ça arrive ici. Pis, les parents de Noé, eux, ils ont une voiture qui fait pas de bruit, et qui pollue pas. Ils utilisent même le soleil pour se chauffer. Nous, on n'a pas ça.»
Argh... Foutue Tesla. Foutu Noé, surtout. Quelle idée d'appeler son gamin comme ça en plus.
«Et tu vas me dire qu'ils ont aussi acheté une arche à hydrogène pour sauver le peu d'animaux qu'il reste sur Terre?!», m'emporté-je.
Le petit se recule, un peu sonné. Hésite à s'en aller.
«Il y a plein de choses à faire ici, tu ne trouves pas?», relancé-je.
«Bof. Et en plus il pleut dehors». Je me disais bien. Eté pourri.