Plus que cinq minutes. Je n’ai plus que cinq minutes pour dénicher un endroit tranquille afin de réaliser mon interview téléphonique. J’entre en trombes dans le dressing qui fait aussi office de bureau: caramba, mon garçon squatte l’ordinateur pour ses exercices de calcul mental en ligne. Le petit frère, à quatre pattes dans la pièce à côté, joue au train en bois en poussant des sifflements assourdissants.
Où trouver la tranquillité? La buanderie! Je descends les escaliers à toute allure, glisse sur la derrière marche et constate, un petit orteil éclaffé, que je n’ai pas de réseau téléphonique. Argh! Clopinant, je remonte à l’étage et m’engouffre dans la chambre à coucher. Allongé sur le lit matrimonial, mon conjoint, en pleine conférence téléphonique avec ses collègues genevois, me fait signe de dégager rapidos.
Que faire? Où aller? Mon téléphone se met à sonner: c’est le haut fonctionnaire que je cherche à joindre depuis un moment. Je ne peux pas laisser filer cet appel, mon article est prévu pour le lendemain. A la guerre comme à la guerre, je m’enferme dans le dernier endroit encore libre de la maison: les toilettes…
«Allô?», réponds-je d’une voix caverneuse. La ventilation se met en marche. Au même moment, le petiot entre dans les WC en hurlant: «Maman, j’ai un besoin urgent!». Au bout du fil, j’entends une voix amusée: «Vous faites aussi du télétravail?», me glisse mon interlocuteur. Sa voix résonne encore plus fort que la mienne. Non, je n’ai pas osé lui demander d’où il téléphonait.