Elle est à bout. Elle voudrait être chez elle, à la maison, en train de caresser son chien. Elle pleure.
«J’aimerais tellement pouvoir vivre comme tout le monde», lâche-t-elle dans la cabine d’un bateau bringuebalé par les vagues de l’océan Atlantique.
Seulement voilà, elle n’est pas comme tout le monde. Elle a souffert d’anorexie. Elle est atteinte du syndrome d’Asperger. Et surtout, un jour, plutôt que d’aller à l’école, elle s’est installée au pied d’un immeuble en posant devant elle un panneau sur lequel on pouvait lire: «Grève scolaire pour le climat».
Vous aurez reconnu Greta Thunberg. Je la connaissais aussi, via ce qu’en avaient dit les médias au fur et à mesure de ses pérégrinations en Europe, puis à New York. J’ai eu la chance de faire davantage sa connaissance au cinéma Apollo, à Neuchâtel.
Non, l’égérie de la lutte pour le climat n’est pas venue s’exprimer dans nos contrées. Je parle du documentaire «I am Greta», diffusé entre deux autres vagues, celles du Covid.
Et j’ai été scotché… Pas tellement par le message véhiculé, le combat de la petite Suédoise relevant de l’évidence scientifique (dernière statistique en date: le mois d’octobre 2020 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe). Scotché par la détermination désespérée de cette demoiselle dont les deux tresses n’entourent (presque) jamais un sourire. «Comment osez-vous?», a-t-elle lancé, furieuse, devant l’assemblée générale de l’ONU.
Le documentaire montre Donald Trump et Jair Bolsonaro se moquer d’elle. Cela ne la rend que plus sympathique.
Une héroïne. Un documentaire captivant et émouvant. La planète crève. Le cinéma me manque.