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«Des palmiers sous la neige», l’air du temps de Catherine Favre

Il voulait aller voir la mer et les palmiers en hiver… Découvrez la chronique «Air du temps» de Catherine Favre.

02 sept. 2020, 17:40
AirDutemps-CatherineFavre

C’était un magicien. Il avait le don de transformer les pleurs d’enfants en rires. Il lui suffisait de passer sa main calleuse sur les petits genoux écorchés pour effacer tous les bobos.

C’était un grand voyageur, qui n’avait jamais pris l’avion, ni le TGV. Ses tours du monde, il les faisait dans sa tête, le nez plongé dans des atlas. Chaque livre, chaque film était prétexte à des escapades. De Paris à Tombouctou, il puisait une mine d’informations qui lui tenaient lieu de souvenirs.

C’était un illusionniste épris de vérité. Intraitable avec les dissimulateurs, les «pas francs du collier» petits et grands, surtout les grands. Une bêtise avouée est totalement pardonnée, martelait-il de son air sévère et bienveillant à la fois.

C’était un fabricant de rêves. Les dimanches de pluie, il y avait cinéma à la maison. Il sortait un vieux projecteur des années 1940, des films de Charlot ou d’Harold Lloyd en accéléré et chacun retenait son souffle pour que la pellicule usée ne casse pas. Il avait aussi une antédiluvienne lanterne magique, des images peintes sur des plaques de verre racontant l’histoire de bandits de grand chemin.

Les années ont passé. Les enfants ont grandi. Vint un jour où il leur dit: «J’aimerais quand même aller voir la mer. Juste une fois.»

Puis, plus tard: «J’aimerais quand même aller voir le Tessin en hiver, les palmiers sous la neige. Une dernière fois.»

Puis, il ne dit plus rien du tout.

C’était Papa.

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