Elles étaient d’abord toutes petites, similaires à des billes de jade. Puis, au prix d’un arrosage généreux et régulier, ont grossi peu à peu. On en compte désormais plusieurs dizaines, tantôt vert bouteille, tantôt violacées, accrochées en bouquet dans un coin du balcon. Quant aux feuilles de ce plant de tomates, elles chatouillent gentiment la balustrade.
Certaines branches très chargées semblent vouloir s’inviter à l’étage inférieur. Les fruits les plus matures rougissent déjà de plaisir sous les assauts quelque peu abrupts du soleil d’août. Bientôt, leur chaire colorée et leur saveur sucrée feront des miracles en salade. Ou mieux, croquées nature sans plus de façon.
Sauf que ces charmantes solanacées ne finiront pas dans l’assiette de la jeune gourmande, mais dans celle de son voisin d’à côté. Trois mois qu’elle observe ces tomates s’épanouir pendant que, sur son balcon à elle, galèrent une menthe jaunissante et un romarin rabougri. Tous les deux se livrent visiblement une âpre concurrence. Qui de l’arbuste provençal ou de sa voisine parfumée survivra à l’été?
Une consolation, le troupeau de cactus et de plantes grasses installés à l’intérieur se porte bien. Et même très bien: la petite dernière – une haworthia de toute beauté – a fait une nouvelle feuille récemment. La main verte, ça se cultive, non?