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«Choux gras, chou blanc», l’air du temps de François Nussbaum

Grâce à l'«Air du temps» de François Nussbaum, replongez en pleine guerre froide, quand la Police fédérale traquait les espions dans les moindres recoins de la Berne fédérale...

20 août 2020, 05:30
AirDutemps-FrancoisNussbaum

«Chef, y’a du louche à la Direction d’arrondissement des télécoms à Berne, on va voir? Prudence et doigté évidemment.» Deux limiers de la Police fédérale sont lancés sur l’affaire. Motif: un échange de messages intercepté par le contre-espionnage sur une ligne videotex de la Régie fédérale – où il est question d’un Russe!

On est en 1987, c’est encore la guerre froide. Un espion bolchevique infiltré au cœur des télécommunications suisses? Ça va faire du vilain. Les deux Dupont découvrent que le responsable du service videotex chapeaute la formation des apprentis aux PTT. On recrute des jeunes? Scandale: la presse en fera ses choux gras.

Les dangereux auteurs des échanges sont démasqués: deux apprentis de 17 ans qui, un matin, doivent quitter le cours pour être interrogés sec dans un petit bureau. «Qui est Nikita? Ne niez pas, c’est écrit là!», hurle un des pandores. La jeune Maria reconnaît bien vite qu’elle a écrit «comment va Nikita» à son camarade, dans le cadre d’un exercice sur videotex.

«Alors, c’est vous Nikita?», intervient l’autre limier. «Non, moi c’est Diego, Nikita c’est lui», dit-il en désignant du pouce son sac à dos. D’où, alerté par le raffut, sort un petit rat au museau rose (un truc tendance à l’époque). Nikita? C’était un tube d’Elton John. A la mine déconfite des policiers, les deux jeunes retiennent mal un fou rire.

Deux ans plus tard, la Suisse apprenait, éberluée, qu’un million de citoyens avaient été fichés par la Police fédérale. Maria et Diego y figuraient-ils? On ose espérer que non. Alors, ce Nikita? «Heu, chou blanc, chef.»

François Nussbaum

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