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«Capitale du monde», l’air du temps de Lea Gloor

Qui a dit qu’on ne pouvait pas voyager pendant ce semi-confinement? Découvrez l’«Air du temps» de Lea Gloor.

12 mai 2020, 05:30
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Le coureur passe à côté de notre banc à petites foulées légères. Presque autant que les pétales de lilas qui couvrent le sol et embaument l’air. On l’imagine volontiers trotter ainsi dans Central Park; plutôt direction le Jacqueline Kennedy Onassis Reservoir ou Sheep Meadow?

Soudain, de la fenêtre du restaurant à côté s’échappent les notes sinueuses d’une chanson. Devant, un groupe d’hommes se tient en rond, tempes grisonnantes, voix goudronnées par le tabac. «Gouttelettes», «deux mètres!», des bribes de phrases tombées dans le langage commun s’entrechoquent entre deux syllabes saccadées.

La passerelle de l’Utopie prend de faux airs de pont de Galata. Ce n’est plus le lac de Neuchâtel qui frémit à quelques pas, c’est le Bosphore. Le long de la berge, deux femmes à l’allure majestueuse glissent dans leurs amples manteaux noirs. Les cygnes, toutes voiles dehors, les regardent passer avec jalousie.

Puis des rires crépitent dans notre dos, le bruit des savates sonne sur le bitume. Les adultes suivent d’un regard bienveillant la cavalcade des enfants. Le flot sifflant et indolent des mots nous transporte là où les promenades vespérales sont érigées en art de vivre. En se concentrant un peu, on sentirait presque une odeur de tortilla de patatas nous faire frétiller les narines.

Qui a dit qu’on ne pouvait pas voyager durant ce semi-confinement?

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