«Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension.» Merci à Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020, pour cet aphorisme qui résume brillamment la situation.
Son roman «L’Anomalie» met en scène des gens qui se mettent à exister en double exemplaire. Une situation surréaliste comme celle que nous traversons.
Ce minuscule Sars-Cov-2 est l’anomalie. Il suscite des questionnements à la pelle, pollue nos journées et hante certaines de nos nuits, alimente des théories plus ou moins fumeuses, et voilà qu’il déjoue une nouvelle fois nos pronostics avec ce variant britannique hyper-contagieux. Dans le fond, plus on en apprend, moins on comprend.
Si ça se trouve, comme dans le roman d’Hervé Le Tellier, nous avons tous un double qui connaît une vie meilleure, sans coronavirus. Mon double est en train de planifier ses vacances d’été mais il doit bientôt s’interrompre: tout à l’heure, il va accueillir des amis de longue date qui ont fait un long voyage.
Il a réservé pour ce soir dans ce super petit resto italien qui vient d’ouvrir. Après, ils iront peut-être danser. Je pense à mon double mais lui ne pense certainement pas à moi, il a trop à faire.
J’en suis là, à parfois douter de la réalité de cette crise sanitaire. Quelque chose s’est détraqué. J’ai l’impression d’avoir bugué, comme ces milliers de systèmes de chauffage du canton ce week-end. Pour eux, il a suffi de quelques minutes à un technicien pour relancer la machine. Me concernant, ils ne peuvent rien faire (j’aurais pourtant aimé que ce soit si simple).
Il faut que j’en parle à mon double, on ne sera pas trop de deux pour trouver une solution. Enfin, quand il aura un moment.