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«Bach, une passion virale», l’air du temps de Thierry Brandt

En attendant le monde enchanté de l’après-coronavirus, retrouvons les œuvres essentielles qui parviennent à nous réconcilier provisoirement avec le genre humain. La chronique «Air du temps» de Thierry Brandt.

14 avr. 2020, 05:30
AirDutemps-ThierryBrandt

Après le temps des infectiologues et des virologues, voici venir celui des prédictologues, qui ont tous un avis sur ce qu’il va se passer après le déconfinement. Mais comme dirait l’autre, le propre des futurologues, c’est de se tromper. Alors, en attendant le monde enchanté de l’après-coronavirus, et en vertu du temps que j’ai encore à disposition, j’en profite pour explorer ma bibliothèque et ma discothèque, à la recherche de ces œuvres essentielles qui parviennent à nous réconcilier provisoirement avec le genre humain. Et j’ai trouvé.

Je me suis plongé dans l’intégrale des cantates de Jean-Sébastien Bach, œuvre gigantesque que le chef Masaaki Suzuki et son Bach Collegium Japan ont entrepris d’enregistrer depuis 1995. Je prends le temps d’écouter, et surtout d’entendre ce qui se noue dans cette alchimie musicale exceptionnelle. Et souvent, je pleure de joie.

Une amie, qui n’aime pas Bach, se moque toujours de moi et se demande comment l’émotion peut naître de cette musique composée de manière aussi formelle, avec des règles presque obsessionnellement appliquées par le compositeur. Je peux lui dire en toute franchise qu’elle se trompe: c’est au-delà de cet aspect rigoriste qu’éclate le génie du musicien et que son œuvre nous touche au plus profond de nous-même.

Certains prétendent que Jean-Sébastien Bach a été touché par la grâce divine. Non. C’est le contraire. Comme le dit Emil Cioran: «Sans Bach, la théologie serait dépourvue d’objet, la Création fictive, le néant péremptoire. S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.»

Article réactualisé le 17 avril à 13 h 45

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