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«Arrêtons de Puryfier», l’air du temps de Santi Terol

La déferlante des manifestations antiracistes touche Neuchâtel et sa statue de David de Pury. Pourquoi ne demanderait-on pas à des artistes d’apporter une réponse au malaise?

19 juin 2020, 05:30
AirDutemps-SantiTerol

Stop, ça suffit quoi. Mais à quoi pensent donc ces gens dans la rue qui veulent lessiver les villes au détergeant racial? Pourquoi cette hargne iconoclaste contre la statue de David de Pury, pourtant muette comme un gisant? Que vaut le rappel de l’histoire, dont les erreurs à ne plus commettre, pour que seul le temps présent compte? Plus de 160 ans après l’installation de ce bronze, prétendre laver plus blanc que blanc revient inexorablement à s’ériger en juges d’opinion du passé. Qui sommes-nous pour le faire?

Bien sûr, l’esclavagisme est plus qu’un affront fait à l’espèce humaine. Avant-hier comme aujourd’hui, il faut le combattre. La statue de David de Pury dérange certains? Tout le monde peut le comprendre puisque aujourd’hui personne ne songerait à la reproduire, hormis les élèves des Beaux-Arts. Car, finalement, on parle ici d’une œuvre artistique. Certes, elle auréole les traits d’un baron, installé à vie au Portugal, bénéficiaire de la traite négrière. L’Histoire ne plaît pas? Complétons-la alors au lieu de tenter de la Puryfier.

Phénomène de la satire urbaine, Banksy, parmi les premiers, a proposé de réaliser une sculpture autour du déboulonnement de la statue de Bristol. Inspirons-nous-en, allons plus loin. Célébrons la culture à Neuchâtel au travers d’un concours d’idées! Telle démarche aurait l’élégance de conserver le respectueux hommage rendu au 19e siècle à celui qui a couvert d’or Neuchâtel, sa ville natale, tout en affirmant que les Neuchâtelois du 21e siècle ne sont pas spécialement fiers de cet héritage. Une œuvre collective d’artistes l’exprimerait tellement mieux que des bulldozers.

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