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1968-1973 Les folles années de gloire

Stambach, Curchaud, Guy Dubois (de Fleurier), Pousaz, Diethelm renforcent encore l'équipe. Le premier titre national tombe en 1968. Le HCC est sacré après une victoire fleuve (10-2) contre Genève-Servette aux Mélèzes.

08 oct. 2009, 15:24

Le président Charles Frutschi régnait sur le hockey suisse et faisait beaucoup parler de lui. «A Davos, nous avions joué sous la neige, et il avait donné une verge aux arbitres pour les «féliciter» de leur prestation», se remémore René Huguenin.

Le tournant du championnat 1967-1968 intervient à Genève. «Nous perdions 3-0 aux Vernets et nous avions gagné 5-3. La fin du championnat devint une promenade vers le titre», explique le grand capitaine de l'époque.

Avec 46 points, 7 d'avance sur les Genevois, les Chaux-de-Fonniers soulèvent leur première coupe de champion national. «Le premier titre est toujours le plus beau», relève le célèbre No 2. «L'ossature de l'équipe était formée par des anciens jeunes du club. C'était fantastique. Une belle consécration.»

La suite fut toute aussi belle avec une première participation à la Coupe d'Europe, dont un match contre Klagenfurt dans une patinoire comble. «Nous avions encore engagé Gaston Furrer de Viège», précise René Huguenin. «L'entraînement d'été devint obligatoire. Nous allions à Villars-sur-Ollon tous les week-ends avec notre préparateur physique, Georges Kurth. Dès le mois d'août, nous étions sur la glace.»

Les joueurs du HCC phagocytèrent l'équipe nationale. Les titres tombent avec régularité et brio. En 1969-1970, René Huguenin accumula 92 matches. «Nous disputions la Coupe des Alpes, la Coupe d'Europe, les Mondiaux et la Coupe Spengler», détaille-t-il. «En 1972, avec les JO de Sapporo, le programme était vraiment très chargé. J'ai dû demander à être libéré de mon travail pendant trois mois. En équipe nationale, les joueurs célibataires touchaient 50 francs par jour, les mariés 70 francs, en guise de dédommagement.»

Les souvenirs s'accumulent, s'entremêlent, les titres se succèdent. «Nous avions obtenu notre deuxième sacre à Langnau, grâce à un but dans les dernières minutes. «Titi» Sgualdo avait envoyé un tir depuis le fond de la patinoire et il était entré. Nous avions reçu la coupe aux Mélèzes sous les flocons. Les spectateurs étaient entassés sur les tas de neige. Lors de notre premier titre, nous avions reçu un chrono en or. Pour le deuxième, nous eûmes droit à une superbe pendule neuchâteloise que j'ai conservée. Il n'y avait pas d'enveloppe pleine d'argent dedans.»

Après le deuxième titre, Charles Frutschi réclama un toit pour les Mélèzes. «La commune lui avait dit qu'il fallait mériter une couverture. Les autorités n'avaient plus le choix.» Le 1er septembre 1969, la patinoire était couverte. Cette même année, Gaston Pelletier fut nommé entraîneur de l'équipe nationale.

La Chaux-de-Fonds devint la «capitale» du hockey suisse. Le 10 septembre 1969, la Suisse affronta le Canada aux Mélèzes (défaite 5-10), puis le Japon (victoire 8-2) et les Etats-Unis (défaite 3-4). La Suisse affronta aussi l'équipe d'URSS juniors avec Tretiak dans les buts. Excusez du peu…

Les expériences et les exploits se multiplient. Toujours plus fort, le HCC écrase le championnat. Tony Neininger rejoint les rangs chaux-de-fonniers en 1970. Une nouvelle règle sur la participation des joueurs étrangers permet à Gaston Pelletier de jouer. Le HCC est encore plus fort avec son intenable entraîneur-joueur (No 17).

«La Chaux-de-Fonds tue le hockey», écrit Eric Walter dans «La Suisse». Les Chaux-de-Fonniers s'en moquent et prennent une dimension européenne. Ils frôlent les demi-finales en Coupe d'Europe contre les Autrichiens de Klagenfurt. Le HCC participe même à la Coupe Spengler en 1971.

L'équipe nationale, avec une forte ossature chaux-de-fonnière, obtient son ascension dans le Groupe A lors des Mondiaux à Berne. Héroïque, Gérald Rigolet défend les buts malgré une blessure à un œil. «Il avait été atteint par un puck», se rappelle René Huguenin. «Il continua tout de même le match avec un masque.» La victoire contre l'Allemagne de l'Est propulse la Suisse dans l'élite.

Les JO de Sapporo en 1972 marquent un tournant. Les hockeyeurs suisses sont les premiers à survoler l'URSS dans un vol commercial en pleine guerre froide. La suite est moins grandiloquente.

Plusieurs joueurs critiquent la direction de l'équipe nationale. «Certains avaient été obligés d'aller aux Jeux. Nous étions logés et nous nous entraînions dans des conditions indécentes. Un vrai scandale.» Charles Frutschi n'apprécie pas les critiques. Il sanctionne des joueurs. Certains se rebiffent et quittent le club. Rigolet, Sgualdo, Reinhard en particulier.

Malgré tout, le HCC décroche son sixième titre consécutif avec un certain Serge Martel en maître artilleur. «Le plus beau succès selon Gaston Pelletier», souligne René Huguenin. «Ensuite, les temps sont devenus plus difficiles. J'ai aussi quitté le HCC pour aller entraîner Fleurier.» La fin d'une grande et folle époque... /jce

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