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Eclairage: «Vous avez dit 'panzootie'?»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Bérénice L’Epée évoque les crises sanitaires dans les élevages.

03 nov. 2020, 17:00
Selon l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, plus un élevage est dense et fermé, plus son niveau de biosécurité serait élevé.

«Au nom de la biosécurité, un prétexte sanitaire pour industrialiser davantage l’élevage», c’est le titre donné à un article du «Monde diplomatique» du mois de novembre. Si l’appellation n’est pas sans nous rappeler à quelle ère pandémique nous vivons, l’article s’attache à montrer que le risque de «panzootie» existe aussi, et qu’il doit être maîtrisé. En effet, en l’espace de quinze ans, le nombre d’épizootie a triplé selon l’Office international des épizooties.

Selon l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le classement des fermes selon leur résistance supposée aux risques infectieux présente quatre niveaux. Plus un élevage est dense et fermé, plus son niveau de biosécurité est élevé. A l’inverse, «un élevage extensif, où les animaux, moins nombreux, vivent en extérieur avec, souvent, une mixité des espèces», présente plus de risques sanitaires.

Pour la journaliste Lucile Leclaire, qui a rédigé l’article, une telle réponse montre qu’«une fuite en avant du modèle industriel» ne favoriserait que les structures très sophistiquées en matière d’élevage, et surtout les plus grosses.

Elle cite Madame Wantanee Kalpravidh, responsable de la santé animale au sein de la FAO: «‘Combien de kilos de poulet est-ce que je peux produire? Combien d’œufs?’ Les éleveurs doivent se poser ces questions. Ils doivent augmenter la production et la productivité pour faire plus de bénéfices, qui génère un revenu supplémentaire leur permettant d’investir dans la biosécurité.» Ainsi, pour satisfaire des exigences sanitaires et surtout leur coût, il faut une exploitation particulièrement rentable.

Objectif sanitaire et idéal de vie dans les étables semblent irréconciliables

C’est la mort assurée des petits producteurs, alors même que de nombreuses études, citées par l’auteure, mettent en avant que la forte concentration d’animaux à faible diversité génétique, en sus de l’emploi massif d’antibiotiques, constitue une véritable bombe sanitaire lorsque le virus a franchi toute frontière, laquelle peut être envoyée aux quatre coins du monde. En effet, les produits des élevages intensifs sont le plus souvent destinés à l’exportation.

Selon l’Union Suisse des paysans (USP), il n’y a pas d’élevage intensif sur le territoire helvétique. En affirmant cela, l’USP répondait au dépôt de l’initiative «Non à l’élevage intensif en Suisse» de l’association Sentience Politics. Pour elle, «l’élevage intensif désigne l’élevage industriel visant à rendre la production de produits d’origine animale la plus efficace possible et portant systématiquement atteinte au bien-être des animaux». L’initiative vise ainsi à modifier l’article 80 sur la protection des animaux de notre constitution.

Entre la FAO et Sentience Politics paissent les troupeaux. Quand l’une vise l’une vise la santé animale, l’autre réclame son bien-être. Objectif sanitaire et idéal de vie dans les étables semblent irréconciliables. Toute ressemblance avec la gestion de la crise du coronavirus serait purement fortuite.

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