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Eclairage: une ode au football populaire, celui venu d’en bas

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, suisse ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd'hui, Daniel Droz évoque un ouvrage consacré au ballon rond.

03 avr. 2018, 17:30
A l'image de la Premier League anglaise, le football est aujourd'hui difficilement abordable pour les classes populaires.

A quelques mois de la prochaine Coupe du monde en Russie, la lecture du livre «Une histoire populaire du football», de Mickaël Correia, s’impose. En 22 chapitres, comme autant de joueurs sur un terrain, l’auteur retrace non pas l’histoire de ce sport mais certains de ses événements. Des fragments d’histoire qui résonnent comme une opposition à la globalisation et la financiarisation du monde du ballon rond. Les classes populaires, d’ailleurs, ne peuvent aujourd’hui presque plus se rendre au stade en raison du prix des billets. Ils doivent se contenter de la télévision, qui n’est pas non plus sans prix.

Le football s’est «gentrifié», embourgeoisé. Pas depuis quelques années, dès le début. Né au Royaume-Uni, il a rapidement été l’apanage des élites qui y ont vu un bon moyen de contrôle. «Mais, en parallèle de ce football dominant qui tiendra une place croissante dans la culture consumériste, un autre football s’est construit par en bas grâce à sa diffusion au sein des classes populaires», écrit Mickaël Correia.

L’auteur aligne les exemples comme autant de démonstration d’émancipation, de liberté. A l’image, par exemple, des Munitionnettes, les premières footballeuses britanniques. Ces ouvrières des fabriques d’armement ont évolué à partir de 1915. Leur aventure a pris fin en 1921. Les instances footballistiques masculines en ont décidé ainsi, un retour à l’ordre «normal» des choses. 

Au 20e siècle, sous différentes dictatures, le ballon rond, ses tribunes, ont également servi d’exutoire ou de refuge. Il en a ainsi été, notamment, pour le Spartak Moscou. Parce qu’il ne bénéficiait pas du soutien financier du régime communiste, il est devenu le club le plus populaire de l’Union soviétique. Au contraire du Dynamo, club du KGB, et du CSKA, formation de l’Armée rouge. Les dirigeants du Spartak ont été déportés par Staline. Ils survivront à l’enfer sibérien grâce à l’aide d’autres détenus et à la complicité de certains gardes-chiourmes.

Ces 22 histoires, davantage même, font la part belle à des acteurs connus et reconnus, aux anonymes, aux pratiquants modestes et aux supporters. Aux peuples, avant tout. A la manière dont ils se sont approprié le ballon. 

«Une histoire populaire du football», Mickaël Correia, éditions La Découverte

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