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Eclairage: «Un tableau apocalyptique des autoroutes de l’information»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Daniel Droz évoque les dangers et les dérives d’internet.

28 août 2018, 00:01
Sur les réseaux sociaux, dont Facebook, les fausses informations pullulent.

Le tableau est apocalyptique. Jusqu’à aujourd’hui, les fausses informations circulent librement sur internet, via les réseaux sociaux notamment. «La manipulation massive est courante», constate le magazine nord-américain «The Atlantic», relayé par «Courrier International». «Des pièges à clics pour logiciels russes aux ruses addictives qui gouvernent le fil d’actualité de Facebook.»

A en croire les chercheurs, le pire est à venir, voire déjà en route. Voici, ainsi, que se multiplient des vidéos truquées mettant en scène des personnalités dans des positions scabreuses. La supercherie est difficile à débusquer. La réalité devient de plus en plus difficile à distinguer. Comme il paraît normal de croire ce que nous voyons, la multiplication de ces vidéos truquées nous incitera, tout aussi normalement, de douter de tout.

«Rares sont les individus qui auront le temps voir la capacité de distinguer une fabulation soigneusement élaborée de la vérité», constate «The Atlantic». L’«infocalypse» guette la société. «Un effondrement catastrophique du marché des échanges des idées», explique l’universitaire Aviv Ovadya, spécialiste des nouvelles technologies. L’écosystème de l’information n’a jamais été aussi vulnérable.

Parallèlement, sur ces autoroutes de l’information, les trolls «circulent» en toute liberté. Ils traquent et attaquent, relève Myriam Benraad, politologue de l’Université de Leyde aux Pays-Bas, dans le quotidien français «Libération».

Elle les compare aux tueurs en série qui ont sévi, dans l’anonymat le plus complet, à partir des années 1950 le long des autoroutes reliant l’est à l’ouest des Etats-Unis. Comme internet, celles-ci ont favorisé la mobilité, les investissements, la prospérité nationale et la joie de millions de foyers.

Pour Myriam Benraad, l’idéalisme des premiers temps du Net est révolu. L’autoroute est «le lieu de tous les dangers. Des anonymes, d’apparence coutumière mais monstrueux, la sillonnent inlassablement avec pour unique intention d’anéantir ceux ou celles qu’ils croisent sur leur chemin.»

Le diagnostic fait froid dans le dos. Les remèdes n’existent pas encore. Les timides tentatives de régulation se heurtent aux intérêts particuliers des géants du système. Et, pourtant, le temps presse.

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