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Eclairage: «Tennis, égalitaire, paritaire et sexiste»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Daniel Droz évoque le sexisme du monde du tennis.

03 sept. 2018, 18:00
Serena Williams, ici lors de l'US Open, ne pourra plus porter sa combinaison cintrée à Roland-Garros.

Sous l’impulsion de la joueuse nord-américaine Billie Jean King, l’US Open a harmonisé les gains pour les hommes et les femmes en 1973 déjà. Les autres tournois du Grand Chelem – l’Australie en 2000, Roland-Garros en 2006 et Wimbledon en 2007 – ont suivi. Cette situation fait du tennis un des sports les plus avancés en termes d’égalité et de parité.

Egalité et parité n’empêchent pas le sexisme de régner. Serena Williams n’aura plus le droit de porter une combinaison noire, cintrée et ultra-moulante. Même si celle-ci lui assure une meilleure circulation sanguine, après qu’elle a connu des complications lors de sa grossesse. Pour sa part, la Française Alizée Cornet s’est vue infliger un avertissement après avoir remis son maillot à l’endroit entre deux échanges.

«Il faut respecter le jeu et l’endroit. Si je fais passer une émotion avec quelque chose qui est beau dans un endroit qui est beau, l’émotion est magnifiée», justifie le président de la Fédération française de tennis Bernard Giudicelli dans une interview à «Tennis Magazine». Et de songer à imposer un code vestimentaire, à l’image de ce qui se fait, tout en blanc, à Wimbledon.

Ancienne joueuse de handball, la sociologue Béatrice Barbusse n’est pas étonnée. «Cela va dans la logique du monde sportif, et en particulier du tennis. Le monde sportif contrôle énormément le corps des femmes depuis plus d’un siècle, il est donc logique, je dis bien logique et non normal, d’un point de vue sociohistorique que les dirigeants souhaitent encore examiner les tenues vestimentaires», confie-t-elle au magazine «Les Inrockuptibles».

En clair, en ce début du 21e siècle, les règles sont toujours faites par les hommes pour les hommes. Jusqu’en 2012, en beach-volley, le port du bikini était imposé. La règle a été assouplie. Mais pas pour se débarrasser de l’étiquette de sport sexy. «Pour des raisons culturelles et religieuses, certains pays ont demandé davantage de souplesse», indiquait la Fédération internationale de volley-ball, il y a six ans.

Conclusion de la sociologue Béatrice Barbusse: «Cela va être un long combat. Il faut que les sportives prennent conscience que leur corps est contrôlé par les dirigeants, qu’elles appartiennent à une catégorie dominée.»

Ceci prendra plus de temps qu’un match de tennis en trois sets. Malheureusement.

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