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Eclairage: «Quand la parole des sportifs se libère»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Julián Cerviño évoque plusieurs affaires liées au dopage dénoncées par des sportifs.

11 juin 2020, 17:00
Lea Sprunger a osé se prononcer sur une affaire de dopage en cours.

Avec le déconfinement et de façon assez bizarre – à moins que ce ne soit pas une coïncidence – certaines affaires de dopage font, ou refont, surface. Dans trois des principaux sports olympiques (athlétisme, cyclisme et natation), les interventions de certains sportifs interpellent. Que ce soit pour témoigner ou dénoncer des pratiques choquantes, la parole des sportifs d’élite semble se libérer.

La semaine dernière, la championne d’Europe 2018 du 400 m haies, Lea Sprunger, n’a ainsi pas hésité à partager sa colère sur les réseaux sociaux. «Depuis quand est-ce normal de manquer trois contrôles? Désolé, mais ce n’est pas le message que nous voulons entendre», a twitté la Vaudoise en réponse à Salwa Eid Naser. Cette athlète bahreïnienne, championne du monde du 400 m avec un chrono ébouriffant l’été dernier à Doha (48’’14, troisième meilleure performance de tous les temps), avait estimé qu’il était normal de manquer trois contrôles (et même quatre).

Le fait qu’une athlète de l’élite se prononce sur un tel sujet de façon aussi ouverte démontre peut-être que le dopage n’est plus un sujet tabou. On se souvient aussi des nageurs Duncan Scott et Mack Horton qui avaient refusé de monter sur le podium des Mondiaux 2019 à côté du nageur Sun Yang. Le Chinois, déjà suspendu en 2014, a écopé en février dernier d’une suspension de huit ans pour avoir brisé des échantillons à coups de marteau en 2018.

La dénonciation reste une des meilleures armes de la lutte antidopage

En cyclisme, des témoignages de coureurs impliqués dans l’affaire Aderlass ont incité les instances responsables des contrôles à réanalyser des échantillons prélevés lors des Tours de France 2016 et 2017. Il semblerait qu’un produit provenant des Etats-Unis, indétectable à l’époque, avait été utilisé par plusieurs membres du peloton. On évoque une molécule capable de permettre la fabrication endogène de globules rouges, décelable depuis quelques mois.

L’Union cycliste internationale a promis de dévoiler les résultats de cette opération prochainement. La montagne pourrait accoucher d’une souris – les cyclistes concernés ne semblent pas être des stars… – mais le fait que la loi du silence ait été brisée prouve que l’omerta n’est plus aussi oppressante.

Et c’est bon signe, même s’il peut apparaître peu moral d’inciter les sportifs à la délation. La dénonciation des excès de certains de leurs rivaux reste une des meilleures armes de la lutte antidopage. Surtout si les athlètes en prennent vraiment conscience.

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