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Eclairage: «Netflix à la rescousse du cinéma d’auteur?»

Nos journalistes mettent en perspective des sujets d’actualité régionale, sportive, nationale ou internationale avec des analyses ou des éclairages. Aujourd’hui, Daniel Droz évoque Netflix et le financement du cinéma.

25 févr. 2019, 17:00
"Roma", le film du Mexicain Alfonso Cuarón, financé par Netflix, a reçu trois Oscars dimanche à Los Angeles.

L’avenir du cinéma d’auteur passe-t-il par les plateformes de diffusion en ligne, telles Netflix ou Amazon? La question taraude le monde du 7e Art depuis de nombreux mois. Le palmarès des Oscars, décernés dimanche soir à Los Angeles, esquisse un semblant de réponse.

«Roma», le film d’Alfonso Cuarón, repart avec trois statuettes. Ces récompenses s’ajoutent à celle obtenues à la dernière Mostra de Venise – le Lion d’or – et quatre Baftas, l’équivalent britannique des Oscars.

Quoi de neuf? Alors que les studios traditionnels avaient refusé de le financer, le Mexicain a trouvé l’argent nécessaire chez Netflix. La donne modifie notamment la chronologie de diffusion du film. La plateforme privilégie ses abonnés, quelque 150’000 millions à travers le monde, dont environ 600’000 en Suisse.

Avec «Roma», Netflix a cependant fait une entorse à sa règle de base. La société a sélectionné 600 salles, dont un cinéma indépendant à Genève, pour le monde francophone et plusieurs aux Etats-Unis, afin de projeter le film en avant-première sur grand écran.

 

Avec «Roma», Netflix a fait une entorse à sa règle de base.

L’objectif? Concourir aux Oscars, puisqu’un film diffusé en salle outre-Atlantique avant le 31 décembre est éligible. Parallèlement, Netflix a dépensé une trentaine de millions de francs dans la campagne de lobbying pour cet événement. Le film, soit dit en passant, en a coûté quinze.

En parallèle à une diffusion acceptable au cinéma, les films qui ne nécessitent pas un financement supérieur à 100 millions de francs pourraient ainsi trouver une planche de salut chez les plateformes de diffusion. Ils serviraient à nourrir ces dernières tandis que les blockbusters, productions à gros budget publicitaire destinées à engranger des profits substantiels, squatteraient les écrans des salles obscures.

Ce scénario se heurte encore à des vives réticences, en France notamment. «Roma» ne faisait même pas partie des nominés aux Césars. Il n’a pas davantage pu concourir lors du Festival de Cannes en 2018: ses organisateurs refusent toute œuvre qui n’est pas diffusée d’abord en salle.

En Suisse, la Confédération ne s’y trompe pas. Elle demande que les plateformes de diffusion participent au financement des productions helvétiques à hauteur de 4% de leurs revenus générés dans notre pays. Une piste à concrétiser.

 

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